Réforme...
Du latin reformare, « rendre à sa
première forme, refaire... rétablir, restaurer... améliorer, corriger ».
Merci Le
Gaffiot, nous y voyons plus clair !
La
réforme est un changement important, potentiellement radical, en vue d'une
amélioration. Diantre, fichtre et foutre ! (comme disait l’une de mes
connaissances qui ne comprenait pas le latin mais avait le sens de la formule.)
D'un
point de vue militaire, la réforme est plutôt régressive - répressive ?...
celui qui est réformé est considéré comme inapte.
Questions : la réforme du collège voulue par Najat
Vallaud-Belkacem va-t-elle réformer notre enseignement ra-di-ca-le-ment ? Ces
mesures marqueront-elles la fin de notre évolution grandilodécadente ? Nos
enfants seront-ils les prochains "réformés" de la société de demain ?
Comme le craignent et le dénoncent les intellectuels de notre pays, ces
cerveaux prépubères vont-ils subir un récurage abrasif et polluant qui
transformera la lumière de leurs va(c)illantes intelligences en tas de bouse
inculte (du latin incultus, « non
cultivé », « impropre à la culture ») ?
La politique de notre
ministre de l'éducation est-elle d'insalubrité publique ?
Stupeur
et tremblements dans les rangs...
Au
collège, le latin et le grec sont des options. Les élèves choisissent - de leur
plein gré ou de celui de leur paternel (du latin paternus, « qui appartient
au père ») - d'apprendre des langues... mortes (beurk, ce serait comme
ingurgiter de la viande froide... n'empêche, rien ne vaut un bon tartare !) On estime que 18 % des collégiens font du latin et du grec... une... oserai-je
le dire ? Une... minorité... arf, le mot est lâché. (Du latin, minor, minoris, « petit ».)
Mineur, moindre, minimum... D'autant plus micro comme échantillon, que,
parvenus au lycée, les latinistes et les hellénistes ne se retrouvent plus
qu'en extrême... minorité (oh le vilain mot !)... 5%... rien. Rien ! (Qu'ils se
disent en leur for intérieur, les décideurs, les "obligeurs"
d'apprendre en rond).
- Z'avez rien compris, a protesté dame ministre, la
réforme souhaite intégrer l'enseignement du latin et du grec à l'agenda
obligatoire de tous les élèves. Au sein des fameux enseignements
pratiques interdisciplinaires.
- Quécekecèksa
?
- Un enseignement fourni par plusieurs professeurs à la fois !
- Un enseignement fourni par plusieurs professeurs à la fois !
Parce
que l'"on" estime utile de faire se rencontrer plusieurs disciplines
pour retenir l'attention des élèves, les (r)éveiller !
En gros, mon
Loulou, si t’as quatre profs qui s’agitent devant toi au lieu d’un seul, madame
Najat et ses acolytes (du grec akolouthos, « serviteur ») pensent que tu seras plus open au contenu du cours, tu piges ?
Maizalors ? On va quadrupler le nombre de profs de lettres classiques ? (Rire sardonique)
Maizalors ? On va quadrupler le nombre de profs de lettres classiques ? (Rire sardonique)
OOOOOOOoooooooOOOh, c'est géniâââl ! Nos p'tits gars ne vont plus s'ennuyer comme des rats
morts et vont tous parler l'idiome de Lucrèce ! J'suis bluffée, y'a pas à
dire.
Héééé !
En plus ! Tenez-vous bien ! Madame l'a assuré : ils ne vont plus faire que des déclinaisons, les choupinous ! On
va surtout leur enseigner la culture antique.
Mais ?
M'interrogé-je ingénument. Mais, ne le recevaient-ils pas déjà, cet
enseignement, nos juvéniles latinophiles ?
Ben oui,
mais là, ce sera o-bli-ga-toire !!! Plus du tout réservé à la minorité
masochiste.
Bon,
trêve d'ironie, ne nous leurrons pas... on comprend bien qu'il s'agira là
d'apporter une culture classique ludique et plus ou moins superficielle suivant
l'intérêt du groupe d'"apprenants" : on va les promener, les élèves
feront des "sorties scolaires", ils "monteront des projets",
utiliseront les outils numériques... wahou ! Ce sera beau ! Y’aura des
couleurs, du copier-coller Wikipédia et certainement un élan, un vrai… on
affichera la recherche créative dans la salle d’arts plastiques et à la fin du
mois de juin, on jettera les trois superbes panneaux au panier (y’a pas la
place pour garder).
(Entre
nous, faudrait déjà que les établissements soient équipés des fameux outils numériques
et en état siouplaît.) (Entre nous (bis), faudrait que le monument antique d'à
côté le soit vraiment, à côté, sinon je ne te raconte pas le casse-tête
financier de l’économe pour trouver les fonds nécessaires au coût du transport
des loupiots.) (Entre nous (ter), la Grèce et Rome sont déjà incluses dans les
programmes d'histoire de sixième, mais bon... je dis ça...).
Finkielkraut
n'a pas tort de paniquer (du grec, panikos,
terreur)... cette réforme à sensation, c'est à court terme : TCHAO LATIN ! (Parce que mon coco, sans vouloir jouer la vieille réac, si tu ne les apprends pas, tes déclinaisons,
tu peux toujours te brosser pour parler la langue de Sénèque !)
© Christophe Besse
|
Je glousse
un peu, j’en rajoute à peine. Car rien n'est coordonné dans ce texte de
réforme... la rue de Grenelle ne veut pas avoir la main mise sur
"l'agenda" des élèves (hormis en latin ! Hinhinhin !), alors le
ministère "offre" (oui, monsieur, chez nous on n'impose pas, on
offre) généreusement aux collèges une... autonomie ! (Du grec autonomos, « qui se
gouverne selon ses propres lois ».) Je glousse et reglousse jaune,
verdâtre, acide, amer... Le ministère sent le "besoin de s'adapter aux
réalités du terrain"... en gros, t'habites en banlieue, on va t'imposer le
latin sans déclinaisons en mode pluridisciplinaire (comme la musique sans
formation musicale, en quelque sorte), mais pour le reste, à l'aise Blaise !
Ton dirlo va pouvoir s'adapter à tes incapacités pour les transformer en éclairs
de génie ! N'est-elle pas belle, la vie ?
(Et si
t'habites pas en banlieue, on va t'enlever de force tes déclinaisons latines,
tes trois heures d'anglais ou d'allemand en plus, pour... pour... pour quoi, au
fait ?)
(Ahlàlàlà,
tout ça, faut pas le dire… c’est la mode des "tous égaux d’où qu’on soit"…
pfff)
© Reiser |
Je n’ai
pas envie d’être de mauvaise foi. Il y a des idées... c'est plutôt positif, ces 20 % d'autonomie horaire : renforcer
l'apprentissage du français si ça pêche ici, travailler davantage les questions
d'éducation civique, si ça fait défaut là (je répète les propos de la
ministre). C'est très bien de vouloir donner souplesse et pouvoir aux équipes
pédagogiques de chaque établissement........... mais diable !!! Que vient faire
(l’abolissement de) l'enseignement des langues anciennes, de l'allemand et de
l'anglais en classe européenne là au-milieu ?(???) ... La réforme indique
introduire une deuxième langue vivante dès la cinquième, mais veut supprimer les classes
européennes ! Sous quel prétexte ? Celui incohérent qu'il s'agit de classes
élitistes ! "C'est bien embêtant, vous comprenez, tous ces trop bons
élèves concentrés aux mêmes endroits"...
Bref, si t'es travailleur, motivé, autonome et responsable, que tout naturellement, tu obtiens de bonnes notes et réussis dans la joie et l'allégresse, ben... c'est pas acceptable... C'est qu't'es un privilégié... c'est pas qu'tu bosses, non ! C'est qu't'as du bol... trop d'bol. (Pourtant t'es pas forcément bien né...) (Chut !)
N'est-ce
pas enthousiasmant de voir des enfants se tirer, se pousser mutuellement vers
le haut ? Pourquoi parler d'élitisme ? Sait-on ce que c'est que l'élite ?
Ne confond-on pas d'ailleurs élitiste et élitaire ?
Ne confond-on pas d'ailleurs élitiste et élitaire ?
N'est-ce
pas un choix louable et lumineux que celui de vouloir s'envoler ? Car s'emplir
de connaissances, c'est bien voler, non ? Du latin Volare, « voler » et au sens figuré : « aller et
venir rapidement ».......... « Per summa levis volat aequorra curru »,
« Et sur son char, il vole légèrement à la surface des flots »
(Virgile).
C'est
beau, Virgile.
Élite
vient de eslite, ancien
participe passé féminin substantivé de élire,
lui-même du latin exlegere,
réfection de eligere, « action
de choisir »... Si nous appliquons cette réforme, où se situera la notion
de choix ? Qui aura le choix ?
© Sempé |
Tout n’est
pas à jeter dans ce texte. Mais c’est une erreur de penser que le collège peut
à lui seul réduire les inégalités. Il faudrait réfléchir au rôle des parents, à
leurs devoirs.
Il faudrait penser à élever et non à abaisser les niveaux sous prétexte d’égaliser l'ensemble. Il faudrait donner plus de noblesse et d'importance à l'apprentissage, aux études professionnelles.
Il faudrait songer qu’après le collège, il y a le lycée, après le lycée, les études supérieures, puis le monde du travail… le monde, donc. Et la mondialisation. Avec ses inégalités. Et son perfect english… "anglais niveau intermédiaire" sur un curriculum vitae, ça ne se conçoit plus. (C’est tous les mômes qu’il faudrait pousser en classe euro, peut-être !)
Il faudrait songer qu’après le collège, il y a le lycée, après le lycée, les études supérieures, puis le monde du travail… le monde, donc. Et la mondialisation. Avec ses inégalités. Et son perfect english… "anglais niveau intermédiaire" sur un curriculum vitae, ça ne se conçoit plus. (C’est tous les mômes qu’il faudrait pousser en classe euro, peut-être !)
Il faudrait songer à nos
grands aïeux grecs, romains, sans qui nous ne serions rien d'autre qu’un champ aride.
Il faudrait…
Il
faudrait penser que les moutons que l’on fabrique aujourd’hui ne produiront pas
notre laine de demain…
Demain, ils seront nus, à ce train.
© Dubout |
Mais qu’attendre,
qu’espérer de l'élite (je grince) à la tête du ministère qui se trouve dans un
tel état de désœuvrement qu’elle en est réduite à réinventer un vocabulaire
propre à l’Éducation Nationale ? …
On ne nage plus dans une piscine, mais on « apprend à se déplacer
horizontalement en milieu aquatique profond standardisé. » (Lire ici, l’article
de Luc Cédelle dans Le Monde du 16
mai 2015)... faudrait que l'élite (la vraie) se frotte au peuple (pas décent, ça), se balade dans un collège, bouffe dans une cantoche, se tape deux, trois heures de colle, de maths, de français ou de latin, tiens ! Pour faire la différence.
Il y a
des réformes qui vous donnent envie de plonger.
La tête
dans le trou.
© Gilles Bachelet
|
"Une culture est bien morte quand on la défend au lieu de l’inventer."
(Paul Veyne)