Vendredi 16 janvier...
Je ne parle que rarement de mes travaux et de mes interventions destinés à un public adulte... Cette lecture-conférence, j'avais envie de vous la présenter.
Aujourd’hui, on trouve que la presse, « ce n’est plus
ce que c’était »… pourtant, il y a quelques jours, on a assassiné des journalistes, des dessinateurs, parce
qu’ils exprimaient leurs opinions dans le journal Charlie Hebdo. C’est en pensant à eux, victimes de la censure terroriste, que je m'exprimerai vendredi.
Il y a une centaine d’années, jamais on n’aurait envisagé un
jour sans journaux. Rappelons-nous l’angoisse durant les dix premiers jours de
la mobilisation, en août 1914, quand chacun s’arrachait les feuilles minuscules qu'étaient devenues nos quotidiens.
On a souvent taxé la Presse de quatrième pouvoir de
l’État : c’était un moyen efficace pour influencer l’opinion, la diriger… mais
également la préserver.
Malgré la pénurie des transports, celle du papier, malgré la
hausse accélérée des coûts de production et les coupes rigoureuses qu’exerçaient "les ciseaux d'Anastasie", (la censure), que ce soit dans les quotidiens à gros tirages, les grands comme
les plus modestes régionaux (Ils étaient alors plus de 3000 !), tous ont donné
libre parole à cet amour de la patrie qui s’est emparé de la France en guerre.
Quand on s’intéresse à la Presse de cette époque, on ne peut
s’empêcher de suivre quelques-uns des leaders du journalisme, de constater
comment ils sont devenus les guides et les gardiens de l’opinion publique.
La
plupart de ces reporters de guerre étaient des hommes, et c’est d’eux que nous
parlerons vendredi. Toutefois, beaucoup de femmes de talent, utilisant parfois
des pseudonymes masculins, écrivirent des reportages saisissants dans les
journaux de la Grande Guerre. Certaines, malgré les interdictions, se
retrouvèrent même en première ligne… c’était une forme d’héroïsme
et leur regard féminin nous offre une analyse différente encore… c’est pourquoi
j’ai trouvé intéressant de leur consacrer le second volet de cette lecture-conférence
le samedi 28 février.
Pourquoi une lecture-conférence ? Parce qu’il est impossible
de parler de la presse de cette époque sans penser littérature… parce que ces
reporters étaient peut-être avant tout des écrivains, c’est en cela aussi que
ces articles sont uniques et profondément touchants. Qu’est-ce qui peut mieux
illustrer le propos que ces textes, ces mots, leurs mots ?
Une recherche historique, quelle qu’elle soit, lisse,
aplanit, se détache : ici, la guerre devient sujet d’étude, perd sa dimension
humaine. L'acteur Denis Marulaz (L'hombre de Nada, comme il se surnomme) a le ton juste et lucide, l'accent qui convient et la force intérieure pour donner aux textes que j'ai sélectionnés une humanité palpable, un frissonnement non feint... Quand Denis parle, lit, on ressent... il nous relie.
Baptiste Marion, violoncelliste, illustrera musicalement avec des extraits de Bach, Haydn, Chopin, Saint-Saëns...
Ainsi... de Polybe à Clemenceau, de Barrès à Albert Londres, Edouard Helsey, Loti...
Du Figaro à L'Homme enchaîné en passant par L'Illustration, L'Echo de Paris, Le Matin ou Le Petit Journal, Le Carillon ou L'écho des tranchées, je tenterai de vous dresser un portrait insolite, sensible et vivant de la presse et de ceux qui l'écrivirent en 14-18. De ceux qui la lurent aussi, au fond des tranchées...
Que dire de ces feuilles innombrables ? S’interroger sur leur utilité ? À quoi bon les mots devant tant de morts ?
Pourtant, cette littérature journalistique, ces littératures, c’était le lien direct entre les combattants et ceux restés à l’arrière… car dans les tranchées, on ne lisait pas pour oublier la guerre, mais pour s'oublier soi-même, pour échapper un instant à l'évidence d'un destin funeste, pour ne plus penser à ceux qu'on ne reverrait peut-être pas.
Parce que la
littérature, comme la prière, c'est ce qui reste quand tout s'effondre autour
de soi.
Belle et rassurante répétition dans cette salle pur XVe que j'adore...
J'ai corrigé ce qui clochait, ôté l'inutile, le "trop"... suis passée de dix-sept à quatorze pages... hum !
Les autres dates et lieux pour ce spectacle ou pour la conférence sans lectures - informations et conditions d'intervention, sur demande : cecilealix@gmail.com
Mes travaux concernant cette recherche sur la Presse pendant la Première Guerre mondiale ont fait l'objet d'une émission de radio : http://www.tropiquesfm.fr/7-le-magazine
Et seront bientôt édités aux PUF.