vendredi 15 janvier 2016

Un temps de chat...

Premières neiges... Flopée de flocons derrière la vitre, quelques millimètres de poudreuse sur les branches du prunier qui, s'imaginant depuis Noël le printemps revenu, s'embourgeonnait, confiant et joyeux. Il s'était trompé.



Si les arbres écoutaient les chats, le prunier aurait su.
Car Plume, la Chartreuse, sommeille étendue de tout son long sur le radiateur, les pattes abandonnées, les moustaches décoiffées, l'or et le mystère de ses yeux inaccessibles derrière ses paupières closes dix heures d'affilée. Elle a la respiration apaisée, les sens au repos : voici trois jours qu'elle a commencé son hibernation.


Pourquoi les hommes vivent-ils à contre-courant, somnolent l'été et s'agitent l'hiver ? Fainéants quand tout luit et s’éveillant, hardis et brûlant d’une absurde énergie alors qu’autour d’eux plus rien ne bouge !
Jamais fleuve ne coule à l’envers ! L'homme moderne a perdu la tête !




Je suis, entre autres, en train de lire une anthologie de textes sur les chats ! Oui ! « Le Cahier rouge des chats » (Grasset)
Une foule d’écrivains qui se livrent sur le plus poétique des animaux domestiques. Edgar Poe, Rabelais, Remy de Gourmont (Magnifique, son « Chat de misère » !), Paul Morand, Balzac, Ésope, la princesse Palatine, Charles Cros, Mallarmé, tant encore !  C'est très fin et savant, parfois drôle, souvent émouvant... Tenez, je ne résiste pas, voici un court extrait, amusant et savoureux, de Jules Renard à propos du sien :


Mon Chat
I
Le mien ne mange pas les souris ; il n'aime pas ça. Il n'en attrape que pour jouer avec. Quand il a bien joué, il lui fait grâce de la vie, et il va rêver ailleurs, l'innocent, assis dans la boucle de sa queue, la tête bien fermée comme un poing. Mais à cause des griffes, la souris est morte.

II
On lui dit : "Prends les souris et laisse les oiseaux !"
C'est bien subtil, et le chat le plus fin quelquefois se trompe.

Extraits d'Histoires naturelles

 
Hemingway

Léautaud

Vian


Voici, donc, la manière dont je marmotte, bienheureuse en mon cocon, un soir de janvier !