Chouette nouvelle !
Tarzan est lauréat du Primé des Écoliers de Reims !
Il se prend pour un prince
(pas commun pour un poney)
et moi pour une star !
(le comble pour une scribe à crinière)
Héhéhé, "ça le fait" ! ;^) |
Ce "Primé", qu'est-ce ?
Clic ! |
Hélas, je n'ai pas pu aller à Reims... Pffff...
Mais...
Manon S., super ponette d'édition,
la plus poulpée de tous les tentaculés de la maison
m'a remplacée !
C'est elle, crinière blonde au 1er plan à gauche - Avec les adorables organisatrices Sinon, même si c'est un peu beaucoup, cette photo XXL, ça fait franchement plaisir ! #MonEgoSéclateAfond |
Elle m'a envoyé plein de photos !
Lecture de "Mon meilleur ennemi", le Tarzan, version mini Poulpe qui vient de sortir ! Clic !
Tellement d'enfants !
Je regrette beaucoup de n'avoir pu les rencontrer.
Pour les remercier et pour leur dire que ce prix, je le reçois comme un encouragement à poursuivre dans l'écriture... et pas n'importe laquelle, l'écriture de livres pour la jeunesse !
J'aime mes lecteurs d'amour. Tous les auteurs et illustrateurs jeunesse vous le diront : il n'y a pas plus généreux que ce public ! Pas d'ego surdimensionné dans ce métier, même quand notre tête se prend pour une vedette sur les affiches ! Ahahah ! Mais des échanges sincères, intenses, souvent drôles et émouvants. On revient de ces rencontres reboostés à bloc, prêts à se remettre à l'ouvrage, merci les loulous, c'est grâce à vous !
Bonus !
Depuis la médiathèque de Reims... On voit la cathédrale ! La chaaance ! #JeVeuxVivreDansCetteMédiathèque
La cathédrale de Reims représente beaucoup pour moi, notamment ma première rencontre avec les articles d'Albert Londres, alors que j'effectuais des recherches pour un cycle de conférences sur les premiers.es reporters.ères de guerre. #MonAutreVieDavant
Albert Londres a été témoin du bombardement de celle qui n'était alors qu'une basilique, et ce sont ces deux articles d'alors, fulgurants de beauté et de sensibilité, qui furent la genèse de sa carrière et de son métier de raconteur...
Et Albert Londres, c'est ma genèse à moi...
Voilà, voilà...
La médiathèque est quasiment à la place de ce poilu... pfiouuuuu...
L’agonie de la
basilique de Reims
Albert Londres (Le
Matin – 29 septembre 1914)
Elle est debout, mais pantelante.
Nous suivons la même route que le
jour où nous la vîmes entière. Nous comptions la distance, guettant le talus
d'où elle se montre au voyageur, nous avancions, la tête tendue comme à la
portière d'un wagon lorsqu'en marche on cherche à reconnaître un visage.
Avait-elle conservé le sien ?
Nous touchons le talus. On ne la
distingue pas. C'est pourtant là que nous étions l'autre fois. Rien. C'est que
le temps moins clair ne permet pas au regard de porter aussi loin. Nous la
cherchons en avançant.
La voilà derrière une voilette de
brume. Serait-elle donc encore ?
Les premières maisons de Reims
nous la cachent. Nous arrivons au parvis.
Ce n'est plus elle, ce n'est que
son apparence.
C'est un soldat que l'on aurait
jugé de loin sur sa silhouette toujours haute, mais qui, une fois approché,
ouvrant sa capote, vous montrerait sa poitrine déchirée.
Les pierres se détachent d'elle.
Une maladie la désagrège. Une horrible main l'a écorchée vive.
Les photographies ne vous diront
pas son état. Les photographies ne donnent pas le teint du mort. Vous ne
pourrez réellement pleurer que devant elle, quand vous y viendrez en
pèlerinage.
Elle est ouverte. Il n'y a plus
de portes. Nous sommes déjà au milieu de la grande nef quand nous nous
apercevons avoir le chapeau sur la tête. L'instinct qui fait qu'on se découvre
au seuil de toute église n'a pas parlé. Nous ne rentrions plus dans une église.
Il y a bien encore les voûtes,
les piliers, la carcasse mais les voûtes n'ont plus de toiture et laissent
passer le jour par de nombreux petits trous ; les piliers, à cause de la paille
salie et brûlée dans laquelle ils finissent, semblent plutôt les poutres d'un
relais ; la carcasse, où coula le réseau de plomb des vitraux n'est plus qu'une
muraille souillée où l'on ne s'appuie pas.
Deux lustres de bronze se sont
écrasés sur les dalles. Nous entendons encore le bruit qu'ils ont dû faire. Des
manches d'uniformes allemands, des linges ayant étanché du sang, de gros
souliers empâtés de boue, c'est tout le sol. Comment l'homme le plus catholique
pourrait-il se croire dans un sanctuaire !...
Nous prenons l'escalier d'une
tour. Les deux premières marches ont sauté. Tout en le montant, notre esprit
revoit les blessures extérieures. Nous devons être au niveau de ce fronton où
Jésus mourait avec un regard si magnanime. Le fronton se détache, maintenant,
telle une pâte feuilletée, et Jésus n'a plus qu'une partie sur sa joue gauche.
Plus haut est cette balustrade que, dans leur imagination, les artisans du
moyen âge ont dû destiner aux anges les plus roses ; la balustrade s'en va par
colonne, les anges n'oseront plus s'y accouder.
Puis c'est chaque niche, que l'on
n'a plus, maintenant qu'à poser horizontalement, à la façon d'un tombeau,
puisque les saints qu'elles abritaient sont pour toujours défaits ; c'est
chaque clocheton, dont les lignes arrachées se désespèrent de ne plus former un
sommet ; c'est chaque motif qui a perdu son âme de sculpteur. Et nous montons
sans pouvoir chasser de nous cette impression que nous tournons dans quelque
chose qui se fond autour.
Nous arrivons à la lumière.
Sommes-nous chez un plombier ?
Du plomb, du plomb en lingots
biscornus. La toiture disparue laisse les voûtes à nu. La cathédrale est un
corps ouvert par le chirurgien et dont on surprendrait les secrets.
Nous ne sommes plus sur un
monument. Nous marchons dans une ville retournée par le volcan. Sénèque, à
Pompéi, n'eut pas plus de difficultés à placer le pied. Les chimères, les
arcs-boutants, les gargouilles, les colonnades, tout est l'un sur l'autre,
mêlé, haché, désespérant.
Artistes défunts qui aviez infusé
votre foi à ces pierres, vous voilà disparus.
Le canon, qui tonnait comme de coutume,
ne nous émotionnait plus. L'édifice nous parlait plus fort. Le canon se taira.
Son bruit, un jour ne sera même plus un écho dans l'oreille,tandis qu'au long
des temps, en pleine paix et en pleine reconnaissance, la cathédrale criera
toujours le crime du haut de ses tours décharnées.
Nous redescendons. Nous sommes
près du chœur. De là, nous regardons la rosace - l'ancienne rosace. Il ne lui
reste plus qu'un tiers de ses feux profonds et chauds. Elle créait dans la
grande nef une atmosphère de prière et de contrition. Et le secret des verriers
est perdu !
En regardant ainsi, nous vîmes
tomber des gouttes d'eau de la voûte trouée. Il ne pleuvait pas. Nous nous
frottons les yeux. Il tombait des gouttes d'eau. C'était probablement d'une
pluie récente ; mais pour nous, ainsi que pour tous ceux qui se seraient
trouvés à notre côté, ce n'était pas la pluie : c'était la cathédrale pleurant
sur elle-même.
Il nous fallut bien sortir.
Les maisons qui l'entourent sont
en ruines. Elles avaient profité de sa gloire. Elles n'ont pas voulu lui
survivre. On dirait qu'elles ont demandé leur destruction pour mieux prouver
qu'elles compatissent. En proches parents, elles portent le deuil.
Le canon continue de jeter sa
foudre dans la ville. Les coups se déchirent plus violemment qu'au début. Que
cela peut-il faire maintenant ? La cathédrale de Reims n'est plus qu'une plaie.
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